Je suis assise au bureau de ma cellule à l’heure où je t’écris. Tu sais que c’est rare quand je prends ma plume pour te confier quelques mots. Je suis perdue dans ces moments là et aujourd’hui je crois que je n’ai jamais été autant perdue de toute ma vie. Je me demande vraiment si je ne suis pas une rature de ce monde. Je jouis d’un bonheur complètement paradoxal à la réalité. J’ai tué, tu t’en rappelles. Aujourd’hui je pêche.
Les murs de l’institut sont pourtant les seuls témoins de mes erreurs, mais ils en ont vu déjà trop pour moi. J’avais besoin de te le dire car je ne me vois pas en parler à Holly, même si cela arrivera tôt ou tard. Tu sais que depuis le meurtre que j’ai commis je ne peux plus rien lui cacher. J’ai beau compter les heures et les secondes qui me séparent de la vérité, je n’arrive pas à accepter. Je n’arrive pas non plus à mettre un mot sur ce que je vis et réalise. Je n’arrive pas m’avouer que je suis un être humain. Je me suis inscrit dans la tête que je suis un monstre. Et même si je n’ai pas tué pour le plaisir, aujourd’hui j’agis pour ma propre satisfaction…
J’ai touché Ella. Tu sais que les mots semblent légers mais ils sont lourds de conséquences, lourds de sens. Je tiens à cette fille, je tiens à elle. Je crois que j’aime. Je crois que je suis amoureuse. Tu sais je croyais pourtant que l'amour était censé être quelque chose de positif, mais cela ne l’est pas. Je suis perdue. Je n’ai jamais ressenti cela et tu es le seul qui peut laisser ces mauvais mots s’écrire et s’exprimer. Tu es le seul qui accepte la mauvaise encre, l’encre bleue de mes pêchés. Tu acceptes mes ratures sans mal alors qu’elles sont horribles à regarder et durs à déchiffrer. Je n’arrive pas à les concevoir. Je n'arrive plus à...
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