Chuuuut... Je respire profondément... Je ferme les yeux... Tout va bien se passer... Je rouvre les yeux devant le miroir et observe mon teint pâle et mes cernes très prononcées. J'attrape le pinceau et tartine mon visage de poudre blanche afin de le pâlir encore plus et de cacher les traces de ma nuit presque blanche. Je dors très peu à cause des voix... Je me plais à me maquiller. J'ai l'impression de me cacher derrière un masque et de me faire oublier. Je mets une tonne de noir sur mes yeux, beaucoup de rouge sur mes lèvres. Cette activité me calme. Je crois bien que c'est la seule chose pour laquelle je m'applique tant.

Pourquoi est-ce que ces fichus macabés ne veulent-ils jamais me foutre la paix? Ils le savent que je ne veux pas les écouter. Ils savent très bien que je fais mon malin, que je me montre sûr de moi, vulgaire et violent. Mais ils savent aussi que je fonds en larmes, en sanglots, en colère, un mélange de ras le bol, d'overdose de misère et de haine. Mon âme n'est pas assez pure pour recevoir tant de souffrance de la part des victimes et des familles. Pourquoi? Pourquoi m'envoyer tout ça? Je serais prêt à tout pour m'en débarrasser. J'ai essayé de me tuer une dizaine de fois, toutes ratées, comme si quelqu'un m'en empêchait.

Je ne suis pas un putain de saint, je ne suis même pas croyant. Je suis le rejeté de la famille chrétienne où je suis né. Je suis le gars rebelle et légèrement timbré, violent, incontrôlable. Alors à quoi bon insister? Vous n'obtiendrez rien de moi... Alors foutez-moi la paix!! Je frappe mon poing violemment contre le miroir. Le sang coule le long de mon poing, parcourant son trajet jusqu'à mon poignet. Le fait d'observer cette autoroute rouge me calme. Peu après, je lèche mon sang d'un coup de langue, éteint la lumière et sort de la salle de bain.