J'étais heureux que mon amie m'ait suivi. Nous étions rentrés dans une course folle pour enfin arriver dans un coin tranquille du parc. Le vent était très léger et le soleil brillait faiblement. Un temps mitigé, mais il ne faisait pas très froid. Alors que Yolandi reprenait son souffle, je respirais fort, en rythme avec sa respiration. Je m'allongeai dans l'herbe fraîche, sur le dos, et sentis ses caresses sur mes bras et dans ma nuque, ce que j'appréciais. Je fermai les yeux quelques secondes en reprenant moi-même une respiration normale, un sourire sur le visage. Puis je rejoignis ma belle Yolandi en m'allongeant sur le ventre à ses côtés. J'écoutais les paroles de mon amie et en pris bien note. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi on pourrait vouloir s'en prendre à moi, mais ses dires sentaient le vécu. Il fallait vraiment que je me méfie de tout le monde? Était-ce cela, ma nouvelle vie? Je levai la tête vers le ciel et mon regard était désormais plongé dans les nuages. Je regardais leurs formes en souriant légèrement.

Je sentais le vent caresser mes cheveux alors que je repensais à mon grand frère. Il fut un temps ou c'était avec lui que j'observais les nuages... J'étais petit lorsque ma maison avait pris feu, mais je me souvenais de chaque détail et même de mon passé. Comme si cet évènement avait été si traumatisant qu'il avait ancré les quatre premières années de ma vie à tout jamais dans ma mémoire. Penser à mon frère me faisait chaud au cœur tout en me détruisant. Je me rappelai de cette nuit là. Cette nuit où on m'avait ôté de la maison avec force. J'étais bien trop petit ce jour là pour me rendre contre qu'ils bloquaient volontairement ma famille à l'intérieur, et mon seul souvenir était que l'on n'avait pu sauver que moi car il était trop tard pour les autres. Je me souvenais de chaque détails, de l'odeur de la fumée jusqu'à la chaleur qui se propageait dans la maison. Du regard et des cris effrayés de ma mère qui suppliait les hommes de nous sauver mon frère et moi. Je me souviens m'éloigner malgré moi, les flammes possédant ma maison, se reflétant dans mes yeux d'enfant. Je me souviens de tout, mais je ne pouvais pas comprendre ce qu'il se passait...

Je m'assis d'un geste brusque, comme si un sursaut m'avait pris. Mon front transpirait et je respirais de manière saccadée. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas repensé à tout cela avec autant de précision et d'émotions. Il m'arrivait d'y penser vaguement et de prier pour ma famille. Mais là c'était différent. Des sensations olfactives me venaient, l'odeur de la fumée, des sensations de touché, la chaleur, la main de mon frère tenant la mienne, mes parents nous protégeant, des sensations visuelles, ces flammes qui dansaient dans mes yeux bleus... Je me sentais mal, j'avais l'impression que j'allais faire un malaise. Je fermai les yeux, plissant mes paupières à m'en faire mal.

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Le regard et le soutien de Yolandi m’apaisèrent assez rapidement. Je repris ma respiration normale et me retins de prendre mon amie dans mes bras. De toute façon, je n'en aurais pas eu le temps puisque quelqu'un interrompit notre repos. Un homme aux airs menaçants s'approchait de nous, ce qui m'effraya. Je vis qu'il se dirigeait vers mon amie, et même si j'étais impuissant face à lui, j'étais prêt à la défendre. Je me redressai brusquement, puis vit Yolandi réagir. Je vis les yeux de l'homme brûler de l'intérieur. Son expression était indescriptible. Il hurlait de douleur et moi je restais planté là, sous le choc, à le regarder, la bouche légèrement entre ouverte et les sourcils arqués. Mon amie me dit qu'il fallait partir et elle dû attraper mon bras pour que je la suive. C'est ainsi que nous nous réfugions à l'intérieur. Je laissai Yolandi me guider. J'étais toujours sous le choc. Voir mon ami si violente, voir tant de douleur...

Je la suivis jusqu'à sa cellule où l'on pu enfin s'assoir tranquillement. Mes yeux brillaient et étaient fixés dans le vide. Je revoyais la scène dans mon esprit, et j'avais beau chercher, je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas que Yolandi ait employé un geste si violent. Puis je levai les yeux vers mon amie. Je n'étais plus du tout souriant. J'étais triste.

Que va-t-il se passer s'ils apprennent que c'est toi qui a fait ça?

Je ne pouvais en vouloir à Yolandi. J'avais peur pour elle désormais. Je ne voulais pas qu'on lui fasse du mal, je voulais la protéger. Je ne voulais pas être un Peter Pan négligeant sa fée Clochette. Je posai doucement ma tête sur son épaule, l'air songeur. Je n'étais pas du tout énervé contre mon amie. Mais je dois avoué que j'étais déçu par son comportement. On aurait pu s'en sortir sans faire une chose aussi horrible. Je soupirai doucement d'un air triste. J'avais toujours la tête appuyée sur son épaule et le regard dans le vide.

Pourquoi tu as fait ça? On ne pouvait pas simplement... L'intimider?

Mon innocence était certainement bien trop grande pour un tel endroit. Et pourtant, j'avais encore envie de croire en l'humanité et en un monde où les enfants seraient rois (et bien éduqués évidemment). Un monde d'innocence, de pureté et de rêve. Était-ce vraiment mal placé de ma part?

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