Azraël était allongé, comme à son habitude dans le parc, au pied de son arbre fétiche. Pas très loin des fontaines. De manière à être seul et tranquille et regarder les nuages, se maudire de ne pas pouvoir sortir, se haïr d'être prisonnier. Pour se retrouver avec lui même et penser, replonger dans ses souvenirs.

Dieu que son petit frère lui manquait. Il n'avait pas su le sauver. Il avait hurler contre sa mère mais le véritable coupable c'était lui et il le savait. Il aurait du donner sa vie pour Nathanaël. Au lieu de ça il l'a laissé mourir sur la table de la cuisine... Quel merveilleux grand frère !

Raaaah j'me fait du mal pour rien à repenser à tout ça... Je peux pas le faire revenir à la vie ! Fais-chier, Nath tu me manques...

Az' se recroquevilla, penser à son frère était la pire douleur qu'il puisse endurer. Pas un jour ne passait sans qu'il pense à lui. Bientôt dix ans que son frère était mort. Pourtant Az n'avait pas fait le deuil. Il savait qu'il s'en voudrait toute sa vie.

Il chassa ses idées noires et sombres. Se redressa et joua avec les brins d'herbes avec l'aide du vent. Le vent était très joueur avec lui, et Az adorait ça. Il considérait cet élément comme une personne à part entière, qu'il fallait dompter et respecter à la fois. Très complexe tout ça, mais au moins il ne se sentait plus vraiment seul.

Il se faisait tard, le soleil était en train de descendre, peut être fallait-il rentrer...
Az se leva d'un coup et prit la direction de l'institut. Mais son regard se posa sur un banc. Un banc où un jeune homme se trouvait, seul et prostré. Comme si tout le malheur du monde était posé sur ses épaules. Le jeune homme semblait correspondre avec la définition de Lilian. Arté lui avait parlé d'un nouveau qui était silencieux comme les tombes, d'une discrétion infinie, et une attitude de prostré... Voilà les termes d'arté qui avait eu du mal à lui arracher des mots.
C'était assez pour troubler Az et le rendre curieux. Qui est ce jeune homme ? Quand est-il arrivé ? Peut-être a t-il seulement besoin de compagnie...

Az décida donc de changer de direction et d'aller vers le banc en question. Il s'arrêta à un mètre devant le banc et lança joyeusement : "Salut ! Toi c'est lilian non ?"
Certes c'était une entrée plutôt maladroite mais bon, c'est mieux que rien.

Le jeune homme reste le regarder. Mmm comment dire : L'impression d'être une sous merde venait de percuter Az en pleine face.

Okay... Je sens que ça va être formidable... Pourquoi faut-il toujours que je tombe sur des asociaux de première catégorie... Arté, Lilou... Et lui n'a pas l'air mieux...

Az voyant que le jeune homme n'ouvrait pas la bouche, allait repartir sans chercher à insister.

Tu aimes le vent non ? Bah cherches pas pourquoi tu ne cesses de te prendre des vents alors !

Az se faisait des blagues à lui même.. Ouch il est temps d'aller dormir. Mais avant qu'Az n'ait pu faire demi tour, l'autre jeune homme décrocha enfin une phrase.

Lilian était assis sur un banc près des fontaines dans le parc de l'institut. Les paroles d'Artémis résonnaient encore dans son esprit...

Alors comme ça tout le monde ici à des capacités surhumaines ? Donc, par déduction, moi aussi j'en ai ?
A vrai dire je m'en doutais déjà. Comment j'aurai pu lui faire subir ça autrement...
Putain, après un an ça fait toujours aussi mal... Nico... Je suis désolé...

Lilian voulait pleurer, mais ça faisait un an que plus rien ne venait, juste un profond malaise. Il ferma les yeux, les images défilaient encore et encore dans sa tête.. le corps, la peau qui se craquelait, les derniers mots échangés...

NON ! pensa-t-il en sursautant. Je me suis fais la promesse d'oublier le passé, alors je le ferais !

Il chassa toutes ces images de sa tête.

De toute façon, pour l'instant, je suis coincé ici. Au moins le parc à le mérite de nous faire nous sentir un minimum libre.



Lilian regarda la fontaine, le bruit de l'eau avait toujours eu le don de le relaxer. Il ferma les yeux et se concentra juste sur cette douce musique..

"Salut ! Toi c'est lilian non ?"

Lilian ouvra les yeux.
Qui est le con qui vient me faire chier dans l'un des rares moments où je suis bien ?!


Il releva la tête lentement, regardant son interlocuteur avec des yeux qui signifiaient "Mon gars t'es la pire des sous-merdes à mes yeux et en plus tu me dérange".
Le mec souriait, un sourire honnête et il avait le mérite de ne pas faire peur comme Artémis.

Mais c'était pas une raison, il l'avait dérangé pendant qu'il se relaxait et aussi gentil qu'il avait l'air d'être il allait le comprendre. Bon pas trop non plus, Lilian ne voulait pas se faire d'ennemis.
Mais c'était la seule personne qui était venue lui parler depuis plus de deux jours.
Bon il fallait peut être lui répondre.

"Oui c'est moi. Mais pourquoi tu m'évites pas comme tout les autres ?"

Azraël fût d'abord surpris d'aavoir une réponse...

Oh, ce garçon a une langue, excellent !

Il se retourna donc pour faire face au jeune homme devant lui. Il avait cessé d'avoir cet air prostré, toutefois il le regardait toujours avec un certain mépris significatif.

Pourquoi est-ce que je dois toujours me sentir mal dès qu'un des foutus pensionnaires me regarde ?! Et c'est quoi ce rictus, il a un problème ?

La dernière pensée d'Az faisait référence à la tête de Lilian qui essayait on dirait de faire une espèce de sourire mais alors plus forcé tu meurs...

Peut être qu'il veut paraître aimable mais je le fais déjà chier... Merveilleux.

Devant cette tête le sourire bienveillant d'Azraël le quitta, et il fit une tête pire que blasé et las... Non mieux azraël était la lassitude personnifiée...

"Oui c'est moi, mais pourquoi tu m'évites pas comme tous les autres ? "

Arf... Voilà un mec aussi perdu que moi en définitive..
En effet Az' ne s'était pas attardé sur sa phrase tout de suite, il avait bloqué sur le rictus aussi drôle que désolant de Lilian... Du coup il assimila les dire du jeune homme dans un second temps. Son air de blasé fut un tout petit peu estompé lorsqu'il prit la parole avec une lueur nouvelle dans le regard.

" Eh bien parce que je suis pas vraiment un garçon qui fait comme les autres." Il fit un vrai sourire sincère, et puis il tendit la main au jeune homme assis sur le banc. "Je m'appelle Azraël Foster.. Mais tu peux aussi m'appeler Az' si tu préfères... Je vois pas de raison de t'éviter. On est tous coincés ici... Autant apprendre à se connaître je pense.."

" Eh bien parce que je suis pas vraiment un garçon qui fait comme les autres. Je m'appelle Azraël Foster.. Mais tu peux aussi m'appeler Az' si tu préfères... Je vois pas de raison de t'éviter. On est tous coincés ici... Autant apprendre à se connaître je pense.."

Il lui avait dit ça avec un sourire qui semblait sincère. Ce sourire rendait Lilian un peu mal à l'aise..
C'était le premier ici qui semblait vouloir le connaître un minimum. En fait c'était le premier depuis pas mal de temps, ça lui faisait une sorte de boule au ventre.

Azraël lui tendit la main. Lilian esquissa le geste puis se ravisa..

Non.. Je peux pas.. Je peux pas faire ça. Si je le touche il va mourir... Comme Nico.. Il faut pas qu'il s'approche de moi. Je veux pas redevenir un meurtrier !

Lilian regarda Azraël dans les yeux, d'un regard qu'il voulait perçant et lui dit :

"Tu devrais pas essayer de me connaître. Les gens trop proches de moi ont une sérieuse tendance à mourir prématurément. Tu ferais mieux de partir avant de mourir toi aussi.."

Les environs étaient calmes, on entendait seulement le bruit de la fontaine qui déversait une eau qui semblait plus pure que n'importe quel cœur retenu de force ici. Az' ne semblait pas touché outre mesure par ce que venait de sortir Lilian. Comme si la menace de la mort ne l'effrayait pas vraiment. Il avait observé un silence tandis que Lilian le sondait des yeux.

Tu sais, ici, le rapport à la mort est quotidien. Tu ne t'en ai pas encore rendu compte, tu es nouveau, mais tu verras très vite que c'est vrai... L'infirmerie, les autres, Stark, la folie, la rage, le suicide, le désespoir. C'est ce qu'on côtoie tous les jours. Alors tu sais mourir prématurément ça ne veut plus rien dire pour moi, je préfère vivre comme je l'entends pendant que je le peux encore.

Il avait toujours la main tendu, mais il comprit que l'autre ne lui tendrait pas la main en retour.
Il abaissa alors son bras, avec une mine un peu déçu. Pourtant il ne lâchait pas pour autant
l'affaire. Il se gratta l'arrière du crâne un peu confus de ce vent monumental. Azraël s'installa alors à côté de Lilian sur le banc. Il ne regardait pas l'autre homme, il regardait droit devant lui. Plongé dans ses pensées.

Ecoutes, si tu veux vraiment que je m'en ailles je pars. Mais ce serait dommage, je pourrai te servir de guide ici, te montrer tous les coins et recoins de l'institut. On pourrait s'entraîner ensemble j'imagine. D'ailleurs, c'est quoi ton pouvoir à toi ?

Il avait tourné la tête vers l'autre homme, et le regardait. Il paraissait très grand, et tellement timide. Peut être avait-il réellement envie d'être seul... Il n'insisterait pas plus s'il essuyait un nouveau refus de la part du nouveau.