Ce matin-là, Lilou ne s’était pas levée du bon pied. Elle avait une intense migraine et la gorge sèche. Elle était en manque, oui. Et elle aurait bien pris une clope pour combler ce manque, seulement, elle préférait attendre. Plus elle patientait avant de fumer, plus elle tiendrait longtemps, à l’avenir, jusqu’à la prochaine fois. Parce que, même si elle arrivait à s’en procurer, ça restait très difficile, et il n’y en avait jamais en assez grande quantité. Surtout que, quand on était dans cet institut, mieux ne valait pas être un accroc fini. C’était mauvais pour les nerfs et pour la santé. Pourtant, d’un autre côté, la clope était une des rares échappatoires à la folie qui imprégnait les lieux. C’était le remède miracle qui fournissait la délicieuse sensation d’être bien, d’être heureux, alors que ce n’était absolument pas le cas. C’était une des rares choses qui permettait aux pensionnaires d’oublier au moins un court instant leur enfermement. Alors, mieux valait les conserver le plus longtemps possible. Chouette raisonnement, n’est-ce pas ?
Lilou se leva donc, avec toutes les difficultés du monde. Elle alla se chercher des vêtements propres, puis elle se dirigea, en pyjama, vers les douches des filles. Elle se foutait royalement du regard des autres. Les autres, elle les emmerdait en beauté, et sans le moindre remord. Qu’ils aillent tous se faire foutre ! La demoiselle entra donc dans les douches et alla, tout naturellement, se laver, sans même jeter un coup d’œil autour d’elle. L’eau chaude qui lui dégoulinait sur le corps arrivé à la détendre un peu, et à dénouer certains de ses muscles. Mais pas tous. Malgré tout, la brunette restait méfiante et à l’affut. Quand elle était ainsi, à se doucher, elle était vulnérable. Et elle détestait être vulnérable. Vraiment. La porte s’ouvrit alors, la faisant sursauter. Elle se figea quelques secondes, pleine de méfiance, avant de finalement reprendre là où elle en était. Elle termina sa douche le plus rapidement possible. Elle n’avait pas le droit de se détendre, même un si court instant. Si elle se détendait trop, elle était morte, elle le savait. Et elle ne désirait surtout pas mourir. L’instinct de survie passait toujours en premier. Toujours. Il dictait presque entièrement son comportement.
Lilou se dépêcha donc de sortit. Elle fit quelques pas et croisa alors un regard, au travers du miroir. Un regard si reconnaissable. Un regard qu’elle n’oublierait jamais. Même si parfois, elle aurait aimé l’oublier. Lexy. Lilou aurait aimé lui sauter dessus, lui parler et tout oublier. Mais ce n’était pas possible. C’était trop tard. Beaucoup trop tard. Alors, el cœur lourd de regret, mais tout en le cachant, elle se dirigea vers la porte, l’air de rien, posa sa main sur la poignée, tourna cette même poignée, et poussa. Sans succès. Elle fronça les sourcils et essaya à nouveau. Toujours aucun succès. Quelque chose bloquait la porte. Quelque chose ou bien quelqu’un. Simple problème technique ou très mauvaise farce ? Etrangement, Lilou penchait plus pour la deuxième solution. Son pouvoir lui indiquait qu’il y avait quelqu’un de l’autre côté du battant. Elle plissa les yeux, avant de donner un grand coup contre la porte. « Hé, connard, ouvre tout de suite ! » Elle était énervée, effectivement, et son pouvoir se réveilla alors avec toute sa force, provoquant chez la demoiselle un intense mal de tête. Mais elle ne s’en soucia pas. Du moins, pas pour le moment. Comment se faisait-il que ça lui tombe dessus, pile quand elle se trouvait dans la même pièce que Lexy ? Bloquée toutes les deux, c’était intenable. Quelle merde ! conclut mentalement la brunette.
Ne surtout pas se lever et continuer à glander. Couchée dans son lit, à écouter les pas dans le couloir, Lexy ne tenait absolument pas à bouger de son lit et aurait donné beaucoup pour rester emmitoufflée au chaud dans sa couverture pendant encore quelques heures. Mais la vie la rappelait à l'heure, tandis que ses - stupides ? - camarades, toquaient en passant devant sa porte. Comme si la réveiller était un passe-temps très agréable et que l'embêter était une passion. La blonde se leva douloureusement après une longue hésitation, à faire le pour et le contre entre rester dans sa chambre ou retourner dans le monde réel. Enfin, réel, c'était assez relatif : l'Institut n'était pas vraiment sa conception du monde réel. Elle alla fouiller les yeux à moitié ouvert dans son armoire, en poussant un juron à chaque fois qu'elle se cognait dans un meuble. Car oui, l'agencement de la pièce laissait un peu à désirer et la place manquait légèrement. Lexy étant seule dans sa cellule, elle ne s'était pas foulée pour y faire un sanctuaire de paix. Elle s'habilla à la va vite, n'ayant rien d'important à faire aujourd'hui, puis attrapa son nécessaire de toilette avant de se diriger vers les salles de bains communes.
En entrant dans la pièce, Lexy fut surprise de constater qu'il y avait encore quelqu'un qui prenait une douche à cette heure-ci, une vingtaine de minute avant l'ouverture du réfectoire. Encore quelqu'un qui était à la bourre. Sans y porter attention, elle se tourna vers le miroir afin de s'occuper de sa coiffure et de son maquillage. L'eau dans la cabine de derrière s'arrêta de couler. Et là, une jeune fille en sortit. Et pas n'importe quelle jeune fille. Lilou. Lilou était derrière elle, les cheveux encore humides et habillée rapidement d'un T-Shirt et d'un jean... Elle leva les yeux et regarda dans la glace. Un instant, Lexy a croisé son regard, avant de tourner instantanément les yeux. Lilou se dirigea vers la porte. Une porte qui était de toute évidence fermée. Super. Le bonheur à l'état pur. Qui pourrait bien avoir eu l'idée sadique de les enfermer ici ? Elles, toutes les deux. Ca sentait la joie...
Lexy, ne souhaitant pas rester plus longtemps dans la même pièce que sa camarade, alla à la porte pour essayer de tirer la porte elle aussi. " Alleeeeeez, ouuuvre-toii "... Rien à faire. La porte avait été bloquée de l'autre côtè et la plupart des filles étaient probablement parties pour le réfectoire. Rien que de rester à quelques mètres de Lilou rendait Lexy mal à l'aise. C'était comme si tous ses souvenirs lui remontaient au visage d'une seule rafale, dans le but de la submerger. Elle avait déjà probablement viré au rouge... Mais l'humidité semblait être une bonne excuse. Lexy se retourna, sentant que Lilou était énervée. Et à vrai dire, c'est toujours ceux qui avaient beaucoup plus à la blonde chez sa camarade. Son tempérament rageur sous lequel elle savait camoufler une douceur et une tendresse hors norme. Et elle savait de quoi elle parlait. Lexy remarqua que la jeune brunette se tenait la tête, surement une conséquence indirecte de son pouvoir. Elle s'approcha à petits pas, tenant à garder une distance de sécurité.
- Hey... Ca va Lilou ? Respire. On va pas rester coincée longtemps.
Tentée par sa peau d'orange, elle lui tapa doucement sur l'épaule. Elle l'attira loin de la porte en lui proposant de s'asseoir. Elles étaient parties pour rester là pendant un petit bout de temps au moins... Autant ne pas se murer dans son silence, malgré la tension palpable...
By Syke To Syke
Joyeuses retrouvailles ? • Lixy ♥
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