Une journée de plus à l'institut. Je ne sais pas depuis combien de temps j'étais ici. Les jours passaient et se ressemblaient affreusement. J'essayais de ne plus trop m'attirer d'ennui. Pour ça, j'essayais de repérer les gens à qui je pouvais parler ou non. Ils étaient très peu à paraitre "sociables" hélas... Je marchais d'un air las en traînant des pieds. D'ailleurs, je ne regardais pas devant moi, je regardais mes pas, les mains dans les poches... Puis mon regard se levai alors que je pus apercevoir un léger rayon de soleil traverser l'une des "fenêtres" du bâtiment. Un sourire triste s'afficha sur mon visage. Peu à peu, l'institut arrivait à me rendre malheureux et à me faire perdre espoir. Heureusement que quelques lueurs étaient là pour faire naître à nouveau cette joie et ces rêves en moi. Une lueur comme j'allais en rencontrer une aujourd'hui. Mieux que ça, un rayon de soleil.

Ainsi, je sortis dans le parc, à moitié convaincu de mon choix. Je serai toujours mieux près de la nature plutôt qu'enfermé avec si peu de lumière. Le soleil m'aveugla. Il faut dire qu'à l'intérieur, ils faisaient tout pour empêcher la moindre lumière de passer. Il faisait extrêmement sombre. Pourquoi? Nous décourager un peu plus? Peter, tu ne peux pas baisser les bras. Tu dois encore avoir foi. Tu es Peter Pan! Tout le monde le dis ici. Je marchais sans but d'un air songeur alors que mes yeux s'adaptaient petit à petit à la forte lumière du soleil. Je marchais lentement sans savoir où aller.

Puis soudain, je la vis elle. Mes yeux se sont agrandis, ma bouche s'est entre ouverte. Elle était là, assise sur un banc à grignoter... Des bonbons?! Je n'en avais pas vu depuis bien longtemps. Elle paraissait sereine. Elle était seule dans un coin du parc. Le soleil venait se refléter dans ses cheveux et me redonner un sourire plus sincère et naïf. Sans qu'elle ne me voit, je m’éclipsai dans les arbres derrière son banc. Une main posée sur un tronc, je dépassais à peine de l'arbre, caché comme un enfant curieux ayant découvert quelque chose de beau et ne voulant pas l'effrayer. Je l'observais: sa mâchoire s'activer avec grâce, ces bonbons colorés entre ses doigts fins comme ceux des fées. Je souriais de plus belle. J'avais envie de lui faire voir un peu de magie, de la faire rêver. Je fermai un instant les yeux pour me concentrer. Ainsi, je fis apparaître une petite fée volant avec une tasse remplie de Thé. Je rouvris les yeux et pus la voir voler et tituber avec la tasse jusqu'à l'apporter à la jeune fille. Hélas, tout cela n'étais qu'illusion, le thé était faux, mais le principal c'était d'y croire très fort pour qu'un jour tout cela soit vrai... Ainsi, la fée ressemblant fortement à une certaine fée Clochette se trouvait devant le visage de la jeune fille, mais pas trop prêt. Juste assez pour lui proposer une tasse de thé, aussi imaginaire soit-elle. Les autres pouvaient toucher mes illusions, comme s'il s'agissait de quelque chose de réel tant que je leur permettais. J'étais très concentré et ne perdais pas ma fée des yeux. Pas de sourire sur mon visage, car je devais être extrêmement concentré pour que la magie continue et pour que la demoiselle puisse toucher ces images en les croyant vraies. Mais mon cœur battait de nouveau comme jamais. Un nouvel espoir dans cet institut qui pourrit les cœurs et les change en cendres...

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La fée arrivait près de la jeune fille alors que je souriais, heureux de vouloir la faire rêver. Elle prit, hésitante, la tasse de ses doigts délicats. Je ne peux expliquer ce que je ressentis à ce moment là. Je partageais mon rêve avec elle. Elle accédait à lui et déposait ses fines lèvres sur la tasse... J'entre ouvris légèrement la bouche tout en me concentrant pour que le rêve se poursuive. J'étais en attente, comme lors d'un suspens insoutenable. Mais ce qui suivit ne fit que me décevoir et me rendre affreusement triste. La demoiselle semblait totalement frustrée. Méchant? Moi? J'avais les larmes aux yeux. Des larmes prisonnières recouvrant ma vue, la rendant floue et triste. Alors comme ça je n'arrivais même plus à donner un peu de joie et de rêve? L'institut me rendait-il vraiment "méchant"?? Mais que voulait-elle dire? Était-ce considéré comme méchant d'essayer de faire plaisir aux autres et d'échouer? Peut-être que oui après tout. Je lui avais donné de l'espoir pour ensuite lui retirer. Mais mon geste de départ n'était-il pas gentil? Un geste gentil pouvait-il devenir méchant? Je me questionnais. Je ne voulais pas être méchant moi. Être méchant, c'était vouloir du mal aux autres, c'était voler la poupée d'une petite fille, exploser le ballon d'un petit garçon, faire un croche pied à quelqu'un, frapper, briser les rêves des enfants... Être méchant c'était rendre les autres malheureux. Est-ce qu'en ne réussissant pas à faire apparaître du vrai thé pour elle, c'était comme si je lui avais offert un ballon juste avant de planter une aiguille dedans?

Je baissai la tête d'un air malheureux et coupable alors que les images de la fée et de la tasse disparurent avec mon rêve. Je m'en voulais de ne pas avoir réussi à la faire rêver... Est-ce que j'aurais dû simplement ne pas essayer? La laisser tranquillement manger ses bonbons? Elle avait l'air plus serein avant que je ne vienne avec ma fée... Soudain, j'entendis sa voix me sortant de mes pensées. Je levai vivement la tête d'un air surpris. Mes yeux la regardaient, pleins d'innocence et de culpabilité. Je ne comprenais pas ce que j'avais fait de mal.

Je suis Peter... Tu n'as pas aimé mon rêve?

Ma tristesse laissa place à l'attirance et à la curiosité. Je ne saurais dire pourquoi, mais cette jeune femme semblait différentes des autres. Je m'approchais doucement d'elle comme un enfant en pleine découverte (ou un sauvage venu d'un autre monde, comme vous préférez). J'avais les yeux grands ouverts et pleins de curiosité alors que j'observais son visage en détail sans aucune discrétion. Mon regard se perdit sur son front pour suivre lentement la courbe de ses sourcils. Ceux-ci m'entrainèrent jusqu'à ses yeux. Ses yeux. Marrons foncés, tout ce qu'il y a de plus simple. Était-ce cette simplicité qui me faisaient frissonner ainsi? Était-ce elle qui faisait que je m'intéressais tant à cette jeune femme? Mon regard glissa ensuite le long de son nez fin et adorable à en croquer, pour ensuite s'arrêter sur ses lèvres. Je retombai sur terre violemment en m'apercevant que ce que je faisais n'étais pas très poli. Je me reculai un peu et lui adressai un sourire franc et enfantin, prononçant du voix douce et pleine d'entrain:

Quel est ton nom?

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Je la mettais décidément mal à l'aise. Je m'en voulais. C'était la première fois que je faisais si mauvaise impression à quelqu'un. Même mon rêve je l'avais raté. Je ne l'avais pas fait rêver, je l'avais juste un peu plus frustré et en plus elle croyait perdre la raison. Est-ce perdre la raison que rêver qu'une fée venait nous apporter du thé? Y rêver tellement fort que l'on pense vraiment la voir apparaitre sous notre nez, belle comme jamais dans sa poussière dorée? J'adressai un sourire à la demoiselle.

Est-ce devenir fou que de croire en ses rêves?

Je la fixai un instant. Je ne pouvais pas m'empêcher de la contempler. J'étais comme ça avec toutes les personnes qui m'intéressaient. Mais elle, aujourd'hui, c'était encore plus intriguant que d'habitude. Je voulais la connaitre, et je voulais qu'elle ait envie de me connaitre. Je voulais lui redonner l'envie de rêver et d'y croire. Elle semblait avoir perdu la foi en ses propres rêves, ce qui était triste. Mais j'allais l'aider à y croire à nouveau. Un peu de poussière de fée et le tour est joué.

Moi j'y crois si fort que tout devient possible.

J'étais toujours souriant alors que je me concentrais, faisant apparaître à nouveau la fée de tout à l'heure. Celle-ci se mit à rire (elle était muette, comme toutes mes apparitions) tout en tournant autour de la demoiselle, comme si elle dansait, déposant de la poussière dorée dans ses cheveux et sur ses épaules. Je riais doucement comme un enfant. La poussière dorée était bien là, présente sur Leslie (quel joli prénom d'ailleurs!). Il suffisait que je reste concentré pour qu'elle reste présente. Puis la fée fit apparaitre à nouveau la tasse.

Il suffit d'y croire.

J'attrapai la tasse du bout des doigts. Je dois avouer que j'étais un peu tremblant, à la fois de peur et d'excitation. Je n'avais jamais tenté une telle interaction avec mes propres rêves. Pourtant j'y croyais dur comme fer alors que je portai la tasse à mes lèvres en fermant les yeux, plissant les paupières comme pour me persuader un peu plus que tout ça était réel. C'est ainsi que je pu boire quelques gorgées de Thé certes pas délicieux, mais correct. Il fallait encore que je progresse, mais cet exploit était un pas énorme pour moi. Je retirai la tasse de mes lèvres sur lesquels on pouvait voir la trace de la boisson avant que je ne me lèche la lèvre supérieure pour effacer le liquide. J'avais un immense sourire sur le visage, comme si je venais de faire la découverte du siècle.

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Ces remarques m'amusaient. Elle commençait à me croire même si elle exigeait des explications concrètes. C'était un bon début. Je voulais l'aider à y croire encore un peu plus, à s'évader comme je pouvais le faire, sans aucun complexe. La fée se mit à rire d'un air moqueur alors que je la chassai d'un coup de main, l'air furieux de sa réaction. Le vent se levait avec douceur dans le parc, comme s'il nous entourait d'une bulle protectrice. Mes yeux s'étaient habitués à la lumière aveuglante du soleil. Je vais trouver l'intérieur encore plus lugubre quand je devrai y retourner... Un frisson parcourut mon dos. Ne pensons pas à ça pour le moment. Ne pensons qu'à la magie et au rêve, car là était notre échappatoire. La question de ma nouvelle amie était toujours sans réponse et la demoiselle semblait s'impatienter. Je voulais bien lui donner la vraie raison mais ça n'allait certainement pas lui plaire. Comment expliquer une telle chose de façon concrète et réaliste alors que pour la comprendre il fallait n'avoir aucune logique? Je tenais la tasse de thé entre mes doigts et la fixai un instant avant de lever mon regard vers la jeune fille avec un léger sourire chaleureux.

C'est pourtant simple. Tu vois cette tasse vide, mais tu crois dur comme fer qu'elle est pleine. Mais il faut vraiment y croire sinon ça ne marche pas. A ce moment là, tu bois dedans, et le liquide apparait.

Voilà la manière la plus simple et la plus concrète que j'ai pu trouver pour lui expliquer comment cela fonctionnait, même si à mon goût, ça manquait affreusement de poésie et de magie. Mais si ça pouvait aider ma nouvelle amie à se sentir mieux et à moins se méfier de moi, je serais prêt à le refaire. J'espérais simplement que mon explication lui avait plu et l'avait convaincu. Je regardai un instant la tasse puis la tendis vers Leslie avec un sourire.

Tu veux réessayer?

Je gardais ma concentration pour ne pas que la tasse disparaisse. J'allais moi-même essayer de me concentrer le plus possible pour que le thé apparaisse à l'intérieur, mais c'était sur elle que tout reposait. Il fallait qu'elle y croit, qu'elle n'ait aucune hésitation sur ce que je venais de lui dire.

[hj: c'est court désolé]

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